23 Aralık 2012 Pazar


HUBERT NYSSEN, LA SAGESSE DE L'EDITEUR, L'ŒIL NEUF EDITIONS, 2006

 

L'ELOGE DE LA FOLIE

Pour la leçon de lecture, ce jour-là, ma grand-mère avait choisi, dans une version à l'usage de la jeunesse, le passage du Don Quichotte où se déroule la bataille contre les moulins. Elle me demanda si je savais dans quelle langue avait été écrite cette histoire. J'hésitais, elle me souffla la réponse : l'espagnol. Sa question en préparait une autre. Et dans quelle langue venais-je de la lire, cette histoire? En français, pardi. Ainsi, petit sorcier, reprit-elle, tu viens de lire en français une histoire écrite en espagnol? (...)

Ce jour-là, elle venait de me révéler un monde que je n'aurais pu nommer encore mais qui serait désormais le mien. Tout avait été d'un coup par sa malicieuse question : le livre, la lecture, le texte et sa traduction. Et tout y était : la découverte, l'aventurei l'écriture et le talent. (...)

Editeur, deux fois j'ai tenté de lêtre, la troisième je le suis devenu.

La première tentative date de l'époque universitaire. Ceux de ma génération sortaient de l'adolescence et de l'Occupation, la guerre venait de s'acherver par les monstrueux feux d'artifice d'Hiroshima, puis de Nagasaki. Et l'université de Bruxelles avait rouvert ses portes. Sortis de la clandestinité et de la violence que nous y avions connue, nous nous sommes retrouvés en petite bande pour fonder une maisonnette d'édition avec l'idée que seul le fil de l'écriture permettrait de recoudre les morceaux du monde horriblement déchiré dans lequel nous avions été jetés. En même temps, pour recueillir de vive voix leur "sagesse", nous avons invité à notre tribune des écrivains de passage et quelques autres qui acceptaient de venir de Paris.

A l'enseigne des Cahiers des saisons, maisonnette qui n'aurait jamais pignon sur rue, nous avons publié un seul livre - un recueil de poèmes de guerre et d'amour - avec lequel le projet a tourné court. Et pour cause : expérience nulle, autofinancement impossible, une poignée de lecteurs, et d'aides...point. (...)

Quelques années plus tard, la deuxième tentative éditoriale vint par un petit théâtre que j'avais ouvert dans cette ville, un peu capitale et un peu provinciale, que j'allais bientôt quitter. La plupart des pièces qui y furent montées, je m'étais mis en tête de les éditer avec l'idée qu'au moment où le rideau tombe sur la dernière représentation il ne reste que cendres du texte s'il n'est pas publié. Une évidence qui prendrait toute sa mesure vingt ans plus tard quand j'ouvrirais le catalogue d'Actes Sud au théâtre. Ce qui parut, soit dit en passant, une manifestation de folie aux yeux des conseillers que j'avais consultés et dont je n'ai pas suivi l'avis. (...)

Les pièces que nous avions montées dans ce théâtre eurent quelque succès, leur publication fort peu. Et une fois encore je sortis de l'expérience éditoriale sur la pointe des pieds, avec une pointe d'amertume au cœur. (...)

Et par cette expérience j'ai commencé à comprendre l'une de ces évidences que souvent on ignore ou malmène, à savoir qu'un écrivain que l'on publie ne saurait être réduit à ses textes, mais qu'il faut, avec grand soin et beaucoup d'attention, l'observer dans son habitus pour connaître les territoires dans lesquels il entend se déployer. (...)

Comment devient-on éditeur? On peut être l'héritier d'une dynastie, ou un féru de littérature qui n'en fera qu'à sa tête, on peut vouloir pénétrer dans un monde que l'on juge prestigieux, on peut s'y retrouver par caprice, par hasard ou par erreur, touche-à-tout qui se prend pour ce qu'il n'est pas, incurable distrait qui s'est égaré, fin renard qui se faufile ou jeune loup qui s'y jette. Mais il arrive aussi que l'on devienne éditeur par accident. (...)

 

L'ART DE LA DECOUVERTE

J'eune pousse ou vieille souche, l'éditeur littérature parfois se sent et toujours se dit investi d'une mission de découvreur. (...)

Sans doute parce qu'elle bouscule et malmène les procédures habituelles, la folie, avec la part de sagesse qui toujours l'accompagne, donne une énergie particulière dans l'affrontement des contraintes liées aux habitudes et aux règles. C'est par elle que la découverte éditoriale prend des dimensions symbolliques. C'est par elle que l'on se trouve, pour paraphraser Montaigne, béant à d'autres audaces. (...)

Le 23 juillet 1990, je me trouvais sur le quai de la station Passy avec André Markowicz, en attendant un métro qui, par suite d'un incident, tardait à paraître. Pour régler quelques points relatifs à la traduction de L'affaire Kravtchenko, nous venions de rendre visite à Nina Berberova, alors en séjour à Paris. Soudain Markowicz, ce traducteur sorti d'une toile de Toulouse-Lautrec, irrésistible de grâce et de drôlerie, intelligent comme il n'est pas permis, m'a lancé un défi. Etais-je prêt à rééditer l'œuvre complète de Dostoïevski dans une nouvelle traduction? Une nouvelle traduction? ai-je balbutié en pensant à l'ampleur de cette œuvre et avec le souvenir d'en avoir lu d'excellentes. Alors, comme si nous étions hors du temps, Markowicz longuement , patiemment, m'exposa qu'il y avait dans la prose de Dostoïevski une oralité, des pulsions, des rythmes langagiers et même des syncopes de type musical que les traductions auxquelles je pensais ne restituaient pas. Elles témoignaient d'une élégance insupportable pour un Dostoïevski qui, de lélégance, avait horreur, et en particulier de l'élégance française. Des traductions que j'avais évoquées, Markowicz disait, avec l'air de crier à la trahison, que c'étaient de "belles infidèles". Et d'ajouter qu'après avoir lu Célines, on ne pouvait plus traduire Dostoïevski dans la langue de Chateaubriand. (...)

LE LİVRE, OBJET MAL İDENTİFİE

Avec humeur, avec humour, dans une lettre du 30 juin 1971, Albert Cohen m'avait pris à témoin de la négligence avec laquelle, à sa mort, on l'ensevelirait. "Ils me déposeront, habillé, tout contraint et bougon dans un cercueil de chêne ciré, à l'intérieur joliment capitonné de soie blanche, mon cercueil, ma dernière propriété, m'écrivait-il. Et ils n'auront pas su m'habiller bien, les imbéciles, et je serai très engoncé dans mon complet anthracite beaucoup trop chaud, et j'aurais préféré le gris léger, si joli, mais ils feront de moi tout ce qu'ils voudront, et ils auront mal noué ma cravate, et ainsi traite-t-on les morts, solennels incapables..." Quand j'avais revu Albert Cohen à Genève, quelques semaines plus tard, je lui avais fait observer qu'il avait filé dans sa lettre une singulière métaphore sur le souci qu'il avait de son œuvre. Il m'avait alors lancé un regard souligné d'un sourire qui pouvaient aussi bien signifier que je me mettais le doigt dans l'œil ou que j'avais tout compris. Quoi qu'il en fût, sa protestation épistolaire est restée pour moi une émouvante illustration du rapport qui lie l'œuvre au livre. "Ils n'auront pas su m'habiller bien, les imbéciles." Le livre est-il digne de l'œuvre? (...)

Voilà qui revient à dire que la "sagesse de l'éditeur" - sagesse qu'une fois encore j'appelle "folie" mais que j'aurais pu nommer "dissidence" ou "insurrection" parce qu'ainsi la fait paraître, dans le filtre de ses normes, une socété qui se dit libérale alors qu'elle est imbue de ses profits - trouvera justification de son vouloir-être dans la reconnaissance d'un fondamental va-et-vient entre l'écriture et la lecture. Il m'a fallu des années de pratique assidue pour comprendre, par exemple, que le premier rôle de l'éditeur à l'égard d'un auteur consistait, sans a priori commercial, à faire percevoir par celui-ci, avec un jeu de prudentes interrogations, l'écart entre ce qu'il avait écrit et ce qu'il croyait avoir écrit. (...)   

 

 

2 Aralık 2012 Pazar

LE RÉDACTEUR TECHNIQUE ET SON ENVIRONNEMENT TECHNOLOGIQUE : LES OUTILS DE POIDS, LE POIDS DES OUTILS Marie-Louise Flacke, Rédactrice, Vice-Présidente INTECOM LE LABEUR DU RÉDACTEUR Sous le terme « rédacteur » se lovent différents métiers qui n’ont en commun que le titre. Les sites d’offres d’emploi nous proposent un amalgame entre rédacteur (d’assurances), rédacteur territorial, rédacteur marketing -alors appelé concepteur-rédacteur-... et parfois même « rédacteur technique ». Ce dernier est répertorié dans le fichier ROME (Répertoire Opérationel des Métiers et Emplois) sous le numéro 52315. Il y est décrit comme rédacteur de fiches techniques qui « Analyse et exploite l’ensemble des données techniques caractérisant le produit, le matériel ou le procédé, à partir de liasse de plans, d’études, et de liste des composants, fournis par le client ou le fournisseur. Rédige une description détaillée des éléments qui constituent la structure du produit, du matériel ou du procédé, explicite leurs interactions, et clarifie les principes de fonctionnement. Transcrit les caractéristiques techniques en préconisant des recommandations d’usage liées à l’installation, l’entretien, la mise en fonctionnement et l’utilisation » (site ANPE). Ce profil est très réducteur : il n’aborde qu’un seul aspect du métier, celui de « rédacteur technique en bureau d’études ». En ce troisième millénaire, le rédacteur technique tend à devenir un « communicateur technique » ou un « rédacteur professionnel », chargé de concevoir tout type de documentation technique sous toute forme. C’est-à-dire qu’il prend en charge la conception de guides utilisateurs, modes d’emploi, guides de maintenance, plans de tests, supports de formation, mais aussi l’élaboration de procédures, la communication marketing et la communication scientifique LE RÉDACTEUR PRÉCURSEUR Toutefois, le rédacteur estampillé 52315 ne donne pas le signal de la naissance du métier. Les militaires du début du XXe siècle qui commencèrent à documenter l’utilisation de leurs armes non plus1. Selon Drachman2, le premier rédacteur technique fut Héron d’Alexandrie, qui, dès le Ier siècle de notre ère « En une douzaine d’ouvrages,... rassembla TOUT ce que les Grecs connaissaient dans le domaine de la technologie et il se permit d’y ajouter quelques inventions personnelles. Soit au total un catalogue de près de 100 machines, parfaitement décrites et illustrées de planches précises. » LES PREMIERS OUTILS Comment Héron a-t-il peut s’acquitter d’une telle tâche sans PAO, DAO ni CDAO4 ? Au premier siècle de notre ère, avec comme seuls outils des tablettes d’argile, du parchemin, de la pierre, voire du bois, il a réussi à transmettre un savoir technique compréhensible de ses contemporains ! Au XXe siècle, le rédacteur a suivi l’évolution technologique et est passé de la période encre-papier-plume à la machine à écrire, manuelle puis électrique, pour aboutir à l’outil incontournable, l’ordinateur. De nos jours, l’ordinateur est tellement omniprésent dans le quotidien du rédacteur qu’il est occulté : les offres d’emploi ne mentionnent plus « sachant utiliser un PC », mais « Expert en Word » ou « Connaissance impérative de FrameMaker 6.0 et de Visio », « bonne connaissance de Flash et d’AuthorIt ». LES OUTILS DU 3ÈME MILLÉNAIRE La question est de savoir s’il suffit pour le rédacteur technique de s’affranchir des tablettes d’argile et de la plume d’oie pour pouvoir effectuer sa tâche. Pas si sûr. L’éventail des produits disponibles de nos jours risque de le laisser perplexe. Face à la myriade d’outils que propose le marché, comment faire le bon choix ? En se basant sur l’utilisation finale de la documentation à produire : documentation papier ? documentation électronique ? il pourra guider sa sélection. Les outils pour la documentation papier Pour une documentation papier, le rédacteur sélectionnera des outils de traitement de texte (TT), de Publication Assistée par Ordinateur (PAO), de graphisme, d’indexation et de conception de tableaux. En matière de traitement de texte, la prédominance de MS Word fait oublier le logiciel issu de la suite bureautique d’OpenOffice, entièrement libre d’accès et téléchargeable5 sur Internet. D’une utilisation quasi universelle, MS Word n’est pas l’outil idéal pour les projets volumineux. Au-delà de 100 pages, son maniement et sa fiabilité deviennent problématiques : "Word is a word–processor, and FrameMaker is a desktop publishing system. Word is okay for the secretaries and the engineers to use for their letters and memos, but if you want to do a book, use FrameMaker”. Adobe® FrameMaker®7 est un outil de publication très bien implanté dans les services de documentation. Solide, il s’adapte bien aux documents de grande taille et accepte aisément rajouts, suppressions et modifications. Il suit aussi les évolutions des supports de documentations et propose de nombreuses conversions au format HTML, XML ou d’aide en ligne. D’autres outils de PAO permettent d’adapter l’outil aux besoins du rédacteur. On notera par exemple Adobe® InDesign et DocBook. De création récente, Adobe InDesign8 permet d’intégrer aisément, dans une documentation, de nombreux types d’illustrations. Compatible avec les logiciels de dessins de type Photoshop, c’est l’outil idéal pour créer une documentation marketing. Combiné avec l’outil GoLive d’Adobe, il offre la possibilité de convertir un document au format HTML. DocBook9, basé sur les langages SGML/XML, est un produit très stable et, parce qu’il accepte de nombreux formats de composition typographique en mathématiques et physique, est parfait pour les textes scientifiques. De surcroît, gratuit et téléchargeable, il a trouvé un grand écho dans la communauté scientifique. Toutefois, parce que son modèle XML est composé de 116 éléments, 546 entités, et 29 notes, DocBook nécessite un long apprentissage. Après avoir décidé de l’outil texte, le rédacteur avisé cherche à sélectionner le meilleur logiciel de dessin qui lui facilitera la création d’illustrations, la rectification d’images et photos ainsi que la capture d’écrans. Dans ce domaine, le choix se portera sur les outils de base tels que MS Paint qui sont livrés avec les suites logicielles de MS  Office. Pour la retouche images, Photoshop10 offre toutes les caractéristiques d’un outil professionnel largement utilisé par les dessinateurs. Son concurrent, PaintShopPro11 sert aussi à la retouche d’images, mais aussi à la copie d’écran. La version d’essai en français est téléchargeable sur le site Jasc et se laisse mettre à l’épreuve pendant 60 jours. Les rédacteurs techniques du code ROME 52315, principalement chargés des fiches produits et des guides de maintenance de matériel ne jurent que par AutoCad12. Ce logiciel de dessin industriel leur a fait oublier crayon et table à dessin pour pouvoir, non seulement fournir des plans précis au format électronique, mais aussi des simulations et vues en 3 dimensions. Plus aisé d’utilisation, MS Visio13, convient aux dessins techniques de base. Il dispose de très nombreuses bibliothèques d’illustrations pour tous corps de métiers qui facilitent la production rapide de représentations graphiques. Pour le spécialiste de "Business documentation", MS Visio propose des modèles d’organigrammes, de graphiques de Gantt, de représentation de processus qui évitent les longs discours ! Au quotidien, le rédacteur de documentation papier se servira surtout d’un logiciel de capture d’écran lui permettant de copier l’interface graphique du produit à documenter. Outre PaintShopPro précédemment mentionné, le rédacteur avisé pourra sélectionner SnagIt14 et effectuer des copies d’écrans de qualité. Équipé d’un logiciel de PAO, d’un logiciel de dessin, puis d’un assistant pour copier les écrans, le rédacteur a tendance à se lancer... Il lui faut pourtant compléter sa trousse à outils d’un tableur qui sera très utile au moment de l’insertion de tableaux dans le document en cours d’élaboration. Outre MS® Excel, le rédacteur trouvera, dans les suites logicielles, des produits compatibles avec le traitement de texte utilisé. Il ne sera toutefois pas au bout de ses peines. Son équipement logiciel ne sera pas complet sans un logiciel d’indexation. Il est en effet admis dans la profession qu’un manuel utilisateur sans index ne saurait répondre aux critères de qualité minimaux. Les indexeurs professionnels nous proposent une classification selon trois types d’outils : -les autonomes (« standalone »), -les embarqués (« embedded »), -les automatiques. Xgen (pour Adobe FrameMaker) et SKY sont des logiciels d’indexation autonomes qu’il convient d’ajouter au logiciel de PAO utilisé. SKY est un véritable outil d’indexation professionnel réservé surtout à l’indexation d’ouvrages scientifiques volumineux. MS® Word est l’exemple même du logiciel embarqué, c’est-à-dire intégré au logiciel de traitement de texte. L’indexation automatique ne reçoit pas l’assentiment des indexeurs professionnels. Qu’ils soient embarqués ou autonomes, ils n’autorisent que des listes de concordance, assez éloignées donc d’un véritable index. Avant d’opter pour un logiciel de production automatique, le rédacteur ne manquera pas de tenir compte de l’avis des professionnels de l’indexation : "I would caution you to be leery of any tool that promises to make index entries for you. Machines are great at sorting, formatting, and checking link validity; but it takes a human being, preferably someone with knowledge of the subject matter and experience at indexing, to craft good, useful, consistent index entries.“ Les outils pour la documentation électronique Pour produire une documentation électronique, le rédacteur technique s’équipera d’un logiciel d’aide en ligne tel que : − Doc-to-Help (Windows) − RoboHelp (FrameMaker) − En préparation : MS Longhorn En dehors de ces produits classiques, se trouve disponible sur Internet le logiciel d’aide en ligne de Virtual Media dénommé xdk15. Il est compatible MS Word et permet de travailler à partir de l’interface Word. Ceci ne l’empêche pas d’afficher de très nombreuses fonctions utiles. Le rédacteur technique intervient également dans la conception de sites Web. Il s’aide alors des produits classiques : MS  FrontPage, Dreamweaver, Microangelo16. Ce dernier, libre d’accès, permet de créer de nombreuses icônes et barres d’outils selon la fantaisie du rédacteur. Nouveau sur la planète Web, le logiciel Mambo17 s’oriente résolument vers le système de gestion de contenus en vue d’une publication en ligne En tant que rédacteur-communicateur, il sera souvent sollicité pour produire des diaporamas ; là aussi, il existe une solution alternative à MS  PowerPoint. Le logiciel OpenOffice Presentation dispose de nombreuses options pour un résultat très satisfaisant et compatible avec MS PowerPoint. Dès que son projet de conception documentaire prendra de l’ampleur, le rédacteur pourra ajouter à sa palette d’outils un logiciel de gestion de projets. L’objectif est alors de suivre, sur un calendrier de type graphique de Gantt, l’évolution du projet et l’attribution des ressources humaines. Le plus connu est MS  Project. AU-DELÀ DU PAPIER ET DE L’AIDE EN LIGNE Les concepteurs de logiciels n’en sont toutefois pas restés là. Prenant acte du développement de la documentation en ligne, ils ne se sont pas contentés de convertir la documentation papier existante en un fichier d’aide. Dorénavant, le rédacteur devra se passionner pour le « Single-Sourcing », puis le CMS (Content Management System). Le Single-Sourcing se limite à un mécanisme de transformation automatique d’un document destiné à l’impression papier en un fichier d’aide. Le résultat n’est pas toujours réussi. Les concepteurs de logiciels ont donc franchi l’étape suivante : la gestion de contenus, si possible dynamiques. Ainsi, Epic Editor, d’Arbortex18 "...is designed for content architects and power authors to support the creation of dynamic content for multiple output types." Il propose de travailler en XML simplifié et également en MS Word. Les différentes sorties sont utilisables à la fois pour la documentation papier et le format électronique. AuthorIT19, autre outil de CMS, insiste sur sa capacité à réutiliser la source, c’est-à-dire le contenu de la documentation. Il rencontre une forte adhésion de la part des responsables de documentation confrontés à de volumineux projets documentaires multilingues. A l’aide de ces logiciels basés sur le langage de XML, le rédacteur n’intervient que sur le texte et non plus sur son formatage. Il se concentre sur le contenu et peut faire abstraction de tous les outils ; ainsi faisant, il se recentre sur son coeur de métier, la communication technique. LE POIDS DES OUTILS : RÉDACTEUR OU BRICOLEUR ? Dès qu’ils réussissent à s’affranchir de la technologie, les rédacteurs “...become more proficient communicators and rely less on the tools that are used to display the final information” (A. Rockley). Le rédacteur peut ainsi devenir un architecte de l’information plutôt qu’un apprenti-maçon “Information developers become more like architects than construction workers” (A. Rockley) Ellis Pratt, responsable de Cherryleaf, parle20 lui du rédacteur futur comme d’un “connector linking prospects and experts,... champion of and expert in written corporate document”. Le rédacteur metteur en page abandonnera alors son habit d’opérateur PAO pour prendre les atours du chargé de liaison entre le concepteur d’un produit ou d’un service et son utilisateur ou destinataire. Trop nombreux encore sont les rédacteurs qui cherchent leur salut dans la connaissance exhaustive des outils. Or, “Knowing the tools does not make you a technical writer. You may know all these tools, but you may not be a technical communicator21” En réalité, en se focalisant sur les outils, le rédacteur-bricoleur scie lui-même la branche sur laquelle il trône encore. En cette période faste de la mondialisation, il est effectivement très aisé de délocaliser les travaux de mise en page dans des pays à bas salaires et priver le rédacteur-opérateur de son gagne-pain. En restant ce qu’il est, c’est-à-dire un fournisseur de contenus, le rédacteur conforte, par contre, la valeur de son métier et se constitue une bouée de sauvetage anti-délocalisation. En conclusion, quel est le meilleur outil du rédacteur technique ? La réponse de G.Karamatt est sans appel : “In technical writing, the most important tool of the trade is of course your brain. Next come your communication skills and those are followed by language skills. Finally, you will use these tools to create and shape your writing.” ...On ne peut lui donner tort, la preuve : les outils d’Héron d’Alexandrie ont disparu, ses écrits sont restés. BIBLIOGRAPHIE Drachman, A.G (1963) The Mechanical Technology of Greek and Roman Antiquity : A Study of the Literary Sources, University of Wisconsin press, Madison.

14 Ekim 2012 Pazar

TRADUCTION TECHNIQUE ET NOUVELLES TECHNOLOGIES :
MÉTAMORPHOSES DU CADRE DIDACTIQUE


Nathalie Gormezano
Institut Supérieur d’Interprétation et de Traduction (Paris)

La traduction technique aujourd’hui évolue rapidement grâce à l’énorme apport des
nouvelles technologies dans ce secteur, à savoir les moteurs de recherche sur internet,
les sites web spécialisés, les bases de données en ligne, les lexiques et dictionnaires
électroniques, les logiciels de Traduction Assistée par Ordinateur, la Production
Assistée par Ordinateur, tous les logiciels multilingues de spécialités, les logiciels
professionnels dans différents domaines techniques, les messageries électroniques, etc.
Les transformations qui touchent le travail même du traducteur, c’est-à-dire non pas
son savoir faire mais sa façon de faire, sont liées à ce nouvel outil qu’il utilise non
seulement comme un outil supplémentaire à sa disposition (au même titre que peuvent
l’être les dictionnaires, les livres spécialisés sur les domaines à traduire, etc.) mais de
plus en plus comme l’outil de la traduction.
Si de toute évidence les outils du traducteur technique ont changé, il est clair que
l’enseignement de la traduction technique connaît de fait des transformations. Trois
aspects nous semblent spécifiques de cette évolution : tout d’abord le travail de
formation sur les modes de recherche, puis l’analyse des contraintes liées aux
nouveaux outils, et enfin une nouvelle approche méthodologique du contrôle qualitatif.
 
MODES DE RECHERCHE ET CONSEIL TECHNIQUE
 
Le rôle du formateur en traduction technique a toujours été d’enseigner non pas un
savoir-faire mais un ‘comment’ faire (le savoir-faire pour sa part s’acquérant à force
de faire). Or, dès l’apparition des nouvelles sources d’information, le formateur a dû
reconsidérer les modes de recherche et les techniques mêmes liées à la recherche
documentaire préalable à toute traduction technique, pour y intégrer les nouvelles
sources en question.
Une fois le document à la portée des étudiants, il est nécessaire aujourd’hui
d’élaborer une stratégie didactique d’approche des nouvelles technologies. Le
professeur doit guider les étudiants dans la maîtrise des outils qui sont à leur portée et
les orienter dans les voies de recherche les plus congruentes. Il est alors conseiller
technique. Ce rôle peut parfois dérouter certains étudiants qui ont l’assurance de
dominer parfaitement ces outils (peu nouveaux pour la plupart d’entre eux). Or,
concrètement, il s’avère que lorsqu’ils sont réellement confrontés à la recherche, ils
ont besoin de quelques conseils. Il est donc intéressant de leur proposer des phases de
travail afin de leur permettre de manier ces outils plus efficacement.
La phase d’étude permet d’utiliser les nouveaux outils et de réunir une grande
quantité de documents référents, ce qui permet une approche comparative riche, regard
quantitatif sur le document.
La phase de repérage est une approche plus qualitative. Les sites référents et les
documents sur sites permettent d’avoir une vision globale du secteur abordé. Il est
important de référencer les sites qui pourront être utilisés par la suite. Dans un premier
temps il s’agit de repérer les descriptifs des différents éléments dans les deux langues
de travail concernées. Pour allier efficacité et rapidité, l’étudiant doit apprendre à lire
avec l’oeil à l’affût des éléments propres au document source. Pour ce faire, il est
nécessaire de s’imprégner du document source avant de le traduire.
La phase d’approche contextuelle permet, une fois les éléments repérés, identifiés
et définis grâce aux sites référents, une seconde phase de recherche : la recherche
lexicographique dans les lexiques et dictionnaires électroniques multilingues et toutes
les bases de données multilingues en ligne ou personnelles. Les termes techniques
apparaissent souvent multiples selon les documents référents et selon les usages
(terminologie technique de publication ou terminologie technique d’usage). Le
formateur doit alors orienter le choix de l’étudiant. S’agit-il d’un document technique
de publication ou technique d’usage, ou les deux. Parfois les deux terminologies se
rejoignent, parfois elles diffèrent. Ces réflexions doivent être menées en contexte à
l’aide des éléments issus des bases de données et dans une optique analytique. Cette
approche peut bien entendu permettre aux étudiants d’élaborer leurs propres bases de
données multilingues complètes (lexique, glossaire, analyse comparative des termes,
etc.).
La phase de visualisation est indissociable de la phase précédente. Il s’agit
d’apprendre à lire des schémas et à retrouver des images ou des plans permettant de
repérer les éléments qui ne sont pas trouvés dès les premières recherches ou qui ne
sont pas clairement distingués : pourquoi un seul terme dans la langue source pour
trois dans la langue cible, ou l’inverse par exemple. Chercher à voir les éléments,
schémas ou photos fait partie de la mise en place des bases de données contextuelles
nécessaires à la traduction. Pour cela, il suffit de repérer des sites ou de trouver des
logiciels au service de la visualisation. La grande richesse de documentation actuelle
rend possible une vision détaillée des éléments sous différentes formes et en un temps
record.
Cette notion de temps fait partie des métamorphoses didactique et professionnelle :
ce qui se faisait en trois jours se fait en une heure. Résultat : produire plus en moins de
temps. Il s’agit de chercher vite et de se déplacer habilement. Pour l’entraînement à la
rapidité, il est possible de donner des temps limites de recherche en fonction de la
taille des documents et de la phase d’approche. L’étudiant doit pouvoir résumer le
procédé de sa recherche pour justifier sa traduction. Certains procédés sont repris,
analysés et critiqués lors des séances de travail avec les étudiants. La rapidité et
l’efficacité de la recherche est une phase importante du travail et dans ce cas seul
l’entraînement porte ses fruits, il s’agit d’une phase de logique indispensable à la
production dans le cadre d’une relation avec un donneur d’ordre.
Comme on peut le constater, les différentes phases reprennent certains savoir faire
traditionnels en les appliquant aux nouveaux outils. Les étudiants d’aujourd’hui
doivent acquérir la dextérité, la rapidité, la pertinence et l’efficacité dans la recherche
et ainsi, par une pratique régulière, une méthodologie de la gestion de l’information au
service de la traduction.
 
RISQUES ET CONTRAINTES
 
Dans une deuxième phase, il est nécessaire d’amener les étudiants à réfléchir sur les
avantages et les inconvénients des nouveaux outils. Pour ce faire, le professeur peut
montrer les difficultés et les risques susceptibles d’apparaître lors d’une gestion
maladroite de l’information. Il porte un regard critique sur les sources et tient lieu en
ce sens de réviseur technique.
Pour pouvoir repérer et réviser de possibles erreurs, il faut tout d’abord apprendre à
cerner les points d’ambiguïtés, à savoir exposer et relever les doutes à tous les niveaux,
terminologie, sens, représentation. Il s’agit d’un travail plus détaillé appelant des
questionnements et des interrogations.
Certaines erreurs de sens sont liées à la recherche même qui oriente dans de
mauvaises directions. Le ‘net’ comme outil du traducteur est semé d’embûches. Le
formateur doit apporter aux étudiants les conseils et les moyens d’éviter les pièges du
net, aussi bien dans les bases de données (savoir repérer les erreurs ou éléments
douteux) que dans les sites, descriptifs, etc. Cet apprentissage fait aujourd’hui partie à
part entière du cours de traduction technique. Sans un guide des pièges et des
modalités de repérage des pièges, l’apprenti traducteur serait bien mal en point.
Des erreurs de sens peuvent être également liées tout simplement, si l’on peut dire,
à une mauvaise lecture des informations. Il est donc indispensable d’apprendre à lire et
à comprendre la distribution des actions d’un document technique. Pour ce faire, il est
bon d’insister sur la lecture des déroulements d’action dans le texte source
(représentation temporelle et spatiale) et de reprendre en classe des déroulements
d’action ou de procédés propres au domaine technique travaillé et repérés
préalablement par les étudiants sur certains sites, c’est ce que nous nommons la phase
de représentation spatio-temporelle. Elle marque l’acte de visualisation des actions
en vue de favoriser l’adéquation image et sens.
Parmi les contraintes liées aux nouvelles technologies dans l’enseignement, apparaît
de façon renforcée la question des choix. Si cette question fait depuis toujours partie
du travail du traducteur, elle est accentuée face à la multitude de certaines informations
parfois contradictoires ou du moins différentes. Il est nécessaire de travailler sur des
documents informatifs discordants pour évaluer l’esprit critique des étudiants et leur
enseigner les techniques et les différentes voies de réflexion nécessaires à l’acte du
choix.
La question du repérage des ambiguïtés et des choix, intégrée dans une
méthodologie reposant sur des exemples concrets de catégories suffisamment variées
et représentatives, permet à l’apprenti traducteur d’affirmer ses choix et de s’auto-
évaluer après la production. Savoir mettre à nu des difficultés issues de sources
extérieures, savoir analyser, raisonner et conclure sur des sources extérieures, c’est
aussi pour le traducteur savoir porter un regard distant sur sa propre production et
savoir s’auto-évaluer. En ce sens les nouvelles technologies dans la didactique servent
aussi d’approfondissement pour le travail de correction et révision des productions

propres aux étudiants. L’informatisation des données permet d’obtenir ce regard plus
distant sur son propre travail.
L’acquisition de la rapidité dans la gestion de l’information ne doit donc pas laisser
de côté le contrôle de cette dernière qui est un élément indispensable. Il faut alors
ajouter aux compétences citées ci-dessus de rapidité, efficacité, pertinence, une très
grande rigueur. Il s’agit ainsi de mettre à jour et de faire acquérir une méthodologie du
contrôle de l’information.
 
CONTRÔLE QUALITATIF
 
Ainsi, face à la situation de la traduction au coeur de la technologie moderne, le
formateur doit tenir compte des nouvelles sources d’information, enseigner la maîtrise
de ces nouveaux outils et les moyens d’en tirer le meilleur profit. Il tient à ce titre
également le rôle de conseiller en contrôle qualitatif.
Les étudiants doivent tout d’abord comprendre l’enjeu de leur travail et prendre
conscience de la nécessité de respecter en toutes circonstances (manque de temps,
défaut d’information, document peu clair, etc.) le critère de qualité et ce, dans le but
essentiel d’être crédible mais aussi de ne pas diffuser d’informations erronées à
l’utilisateur du document : phase déontologique.
A ce titre, il est essentiel que le futur traducteur sache, de façon complémentaire et
indissociable, faire appel aux ‘anciennes techniques’, à savoir le travail en binôme
avec le ou les spécialistes du domaine, la lecture d’ouvrages spécialisés, etc. La
traduction une fois effectuée, les quelques doutes qui pourraient subsister doivent être
levés par l’intervention du spécialiste. Là encore, les nouvelles technologies peuvent
être mises à contribution. Aujourd’hui il est plus aisé de communiquer par le biais du
courrier électronique. Il est possible d’écrire à des services spécialisés à l’aide d’une
adresse mail de contact ou à des spécialistes par le biais des entreprises ou des
connaissances propres à chacun.
La phase d’affinement permet d’apprendre à repérer les points de la traduction sur
lesquels subsistent des doutes et à les résoudre ou du moins à choisir : par exemple
pour la terminologie de publication ou d’usage, ou encore pour des éléments de
visualisation ou pour des produits spécifiques, etc.
La phase d’action est celle qui entraîne l’apprenti traducteur dans le monde du
contact humain : savoir trouver les bons interlocuteurs, repérer ses propres besoins,
choisir ses interlocuteurs, se faire un carnet d’adresses en fonction des domaines et
agir concrètement en envoyant des messages électroniques, en utilisant cette vieille
technologie qu’est le téléphone, etc. Cette phase c’est aussi apprendre à formuler des
questions claires et précises pour faire perdre le moins de temps possible à
l’interlocuteur. Il s’agit d’apprendre aux étudiants à sortir du monde virtuel (acte
inexistant dans les anciennes modalités didactiques et pour cause) et à revenir dans le
monde réel : le donneur d’ordre, le délai, la production et bien entendu le produit fini
et sa livraison. Pour apprendre à jouer contre la montre, il faut toujours mettre
l’apprenti traducteur en situation professionnelle bien ancrée dans le réel. Toutes les
phases d’études ne doivent pas perdre de vue la phase de production.
Une fois le document traduit, l’étudiant doit apprendre à passer la main pour une
ultime phase de contrôle par un technicien du domaine ou un traducteur spécialisé du
domaine, professeur ou autre, pour une relecture globale et définitive : Phase de
contrôle qualité.
Enfin, l’apprenti traducteur doit apprendre à préserver ses recherches en vue de
futures commandes et à stocker ses informations et bases de données à l’aide de
différents outils actuellement sur le marché : phase professionnelle de spécialisation.
Dans ce cadre, il doit toujours penser à actualiser en permanence ses données en
fonction de l’évolution des secteurs, des produits, des marchés.
Il s’agit dans cette troisième phase d’apprentissage, de faire acquérir dans le cadre
des nouveaux outils la méthodologie du contrôle qualité.
 
CONCLUSION: LES MÉTAMORPHOSES
 
Ces trois phases didactiques se complètent et s’intègrent les unes aux autres lors de la
mise en place du processus méthodologique.
Ainsi, l’expérience montre que, si les objectifs du formateur n’ont pas changé pour
l’essentiel (développer les compétences et le savoir faire pour passer d’un texte source
à un texte cible dans le respect de la qualité), les méthodologies d’approche des
objectifs sont d’ores et déjà métamorphosées. L’étudiant doit avant tout aujourd’hui
apprendre à gérer l’ampleur de l’information qui s’offre à lui, à canaliser et à
relativiser parfois les données auxquelles il a accès, et finalement à contrôler en toutes
circonstances la qualité du document produit. Ainsi, aujourd’hui, la démultiplication
des sources oblige à donner de nouvelles marques et de nouveau repères dans
l’apprentissage de la traduction technique.